Aujourd’hui, du
fait de la mondialisation de l’économie, les échanges se libéralisent et sont
donc de plus en plus nombreux. Les PME et les FMN peuvent donc profiter de cet
avantage pour se délocaliser. Outres leurs avantages, les délocalisations ont
des conséquences néfastes sur les sociétés ( dumping sociale, réglementaire...)
du fait des pouvoirs des FMN. Cela nous entraînes à nous poser la
question : quelles solutions sont possibles pour résoudre les problèmes
qu’engendrent les effets néfastes des délocalisations ?
I] L’action des organisations internationales.
Sans vouloir
minimiser la responsabilité de l’Etat en matière de respect des normes sociales
et environnementales, force est de constater que leur marge de manœuvre est
biaisée par le pouvoir des multinationales (imposition des prix, délai,
qualité). Donc le respect des normes nécessite l’intervention des organisations
internationales. Les organisations internationales ont-elles le pouvoir de
lutter contre les FMN ?
1) Les mesures
établies.
a)La nécessité d’établir une clause
sociale
Qu’est
ce qu’une clause sociale ?
Lorsqu’on parle de
clause sociale, on fait
généralement référence à une disposition intégrée à un accord commercial
international dans le but d’assurer le respect des normes minimales de travail.
Celle-ci permet à un pays de limiter ou d’interdire l’importation de produits
fabriqués lorsque les normes sont violées.
Une clause sociale devrait
au minimum exiger le respect des droits fondamentaux au travail, réaffirmés
dans une Déclaration adoptée par l’Organisation internationale du travail (OIT) en juin 1998. Celle-ci
porte sur quatre principes fondamentaux :
• La liberté
d’association et la reconnaissance de droit de négociation collective
• L’élimination de
toute forme de travail forcé ou obligatoire
• L’abolition du
travail des enfants
• L’élimination de
la discrimination en matière d’emploi et de profession.
Avec la
ratification de la Déclaration de 1998, ces droits fondamentaux sont, en théorie, obligatoires
même pour les pays qui n’ont pas adhéré explicitement aux Conventions.
Selon Attac, en ce
qui concerne les normes environnementales, il s’agit, en particulier, de faire
respecter les accord de Montréal, les conventions de Rio et de Kyoto et, plus
généralement de ne pas séparer le développement économique de la préservation
de l’avenir de la planète.
Des initiatives multilatérales ont
également été prises, comme celle de l’Union Européenne dans le cadre du Traité
de Maastricht. Celui-ci introduit le nouveau Système de Préférences
généralisées en application de 1995 à 2004. Ce système permet d’accorder des
avantages aux pays qui affirment respecter certains critères reconnus sur le
plan international en matière sociale et environnemental. Il fait référence aux
conventions de l’OIT portant sur la liberté syndicale et le droit
d’organisation collective sur l’âge minimum d’admission à l’emploi.
b) Des difficultés pour faire respecter ces
mesures.
L’OIT
a établit des conventions qui pourraient être efficaces pour le respect des
normes sociales. Le problème est que cette organisation n’a à sa disposition
aucun moyen efficace lui permettent de faire respecter ses conventions.
Par
exemple, l’entreprise NIKE, est une FMN qui illustre parfaitement le phénomène
de la délocalisation chez les multinationales. Nike est un grand
producteur d’articles de sport de toutes sortes (chaussures, vêtements,
ballons, etc.).Elle délocalise sa production dans les pays en voie de
développement pour les raisons que nous avons précédemment évoquées .Nike
constitue l’une des plus grandes firme multinationales du monde. Mais à quelles
sont les stratégies de cette entreprise ? A quel prix est-elle parvenue à
ce niveau ?
Au delà des profits et de l’aspect financier, Nike
possède des employés dans le monde entier et plus particulièrement en Asie (99%
de sa production). C’est le grand facteur de la puissance de Nike. Ces employés
étaient au nombre de 22 700 en 2002. Nike, comme beaucoup de grandes entreprises,
a élaboré une forte stratégie territoriale de délocalisation.
Mais cette stratégie très poussée s’est parfois
soldée par des abus.
L’OIT fixe des règles pour les conditions de
travail qui doivent être impérativement respectées. Mais des violations de ces
règles se sont observées dans le temps. En effet Nike, comme grand nombre de
FTN, est accusée non sans raison d’exploiter la main-d’oeuvre du tiers monde.
Cette exploitation explique la faible part de la main-d’oeuvre dans les coûts
de fabrication (moins de 1% du prix de vente d’une chaussure en 1998).
Un exemple qui fit beaucoup de bruit en
1996 : le travail des enfants. Les enfants étaient exploités en
particulier pour la fabrication de ballons de football. Des réactions de toutes
sortes se sont organisées à l’époque (justice, publicité, boycott, etc.).
Ces actions ont de forts impacts sur la décision
des entreprises qui souhaitent avoir une bonne réputation.
C’est pour cette raison que l’OCDE a crée dans
chaque pays, y compris dans de nombreux pays du Sud, des points de contacts
nationaux (PCN) où l’on peut se plaindre du non-respect des normes minimales.
Ces PCN n’ont pas de pouvoir juridique mais son impact reste important et se
voit parfois marqué par la fermeture d’entreprises comme les magasins Marks and Spencer en France. Aux
Etats-Unis, de tels groupes de pressions Lobbyist
se développent et ont donc de plus en plus de pouvoir. C’est peut-être une
voie à suivre en France. C’est d’ailleurs l’objectif de l’association Attac.
Pour
remédier au manque de pouvoir de l’OIT, beaucoup pensent qu’une alliance entre
l’OMC et l’OIT permettra d’avoir un pouvoir pour faire respecter ces normes. Le
problème est que tout le monde n’est pas favorable à la clause sociale.
2) Des avis divergeants
a)
Les partisans
Les partisans de la clause sociale font valoir
qu’elle « permet la concurrence, empêche que l’exploitation des
travailleurs dans les pays exportateurs profitent aux pays importateurs et
permet à ces travailleurs de bénéficier de l’accroissement des échanges
commerciaux. Ils ajoutent que l’adoption de clauses sociales mettrait fin au
chantage à la délocalisation, permettrait de stopper la surenchère dans la
réduction des conditions de travail et lutterait contre la concurrence déloyale
ou dumping social ».
La méthode du dumping
consiste à vendre un produit à l’extérieur à un prix inférieur à celui auquel
il est écoulé sur le marché national, ou à un prix inférieur aux coûts de
production.
b)
Les opposants
Alors que selon les partisans de la clause
sociale, le dumping nuît à l’intérêt personnel des producteurs nationaux, les
opposants font valoir qu’il permet l’amélioration du pouvoir d’achat rendue
possible par des produits étrangers plus compétitifs. De plus, selon les
opposants, il n’y avait dumping social que dans le cas où les avantages sociaux
d’un pays seraient volontairement et artificiellement maintenus à des niveaux
bas par rapport aux pays développés.
Selon M. RUGGIERO, directeur général de l’OMC,
« Le
risque réside dans l’apparition d’un néo-protectionnisme insidieux qui
tenterait d’utiliser les restrictions commerciales pour répondre aux
inquiétudes largement répandues au sujet des normes relatives au travail, aux
questions sociales et à l’environnement ».
Selon ces opposants, la clause sociale ne serait
rien d’autre que le souci protectionniste des pays développés de protéger leurs
marchés contre la concurrence des pays du Sud. Paul KRUGMAN a dénoncé les
négociations demandées par la France et des Etats Unis et les a qualifiées « de protectionnisme déguisé sous des
oripeaux humanitaires ». Selon P. KRUGMAN,
« ce
protectionnisme déguisé peut se transformer en barrières commerciales plus
nettement affirmées ».
Selon
lui,
« si
l’occident élève des barrières à l’importation, ils pourraient détruire les
prémices d’un développement économique largement réparti, de l’espoir d’un
niveau de vie décent pour des centaines de millions d’êtres humains alors que
la croissance économique du tiers monde est une opportunité et pas une menace ».
De
plus, il ne faut pas oublier que le développement industriel des pays
développés au XIX°s et début XX° s’est réalisé au mépris des droits sociaux des
travailleurs.
La
dénonciation du protectionnisme n’est pas la seule critique.
En
effet, il semblerait paradoxal de prôner en faveur du développement des pays du
Sud et de l’un des rares avantages que les pays en développement possèdent
encore dans leurs relations avec les pays industrialisés au nom d’une
concurrence déloyale.
II] L’action des politiques pour réduire les délocalisations et
favoriser les relocalisations.
1)
Le cas Français.
L’augmentation des
débats sur les délocalisations renforce l’idée que les Français sont de plus en
plus inquiets par ce phénomène. Selon le sondage publié par la Tribune, le lundi 6 Septembre 2004,
42% des Français considèrent que la priorité du gouvernement doit être de
lutter contre les délocalisations en baissant les charges sociales des
entreprises. Cela est il la bonne solution ? Pour les syndicats, la menace
est d’autant plus grave qu’elle s’accompagne d’un « chantage à l’emploi et
à la remise en cause des droits sociaux ».
Dans
cette partie, nous nous efforcerons de décrire les solutions envisageables ou
pouvant être appliquées pour lutter contre les effets néfastes de ce phénomène.
a) Abaisser le coût du travail
La
baisse des coûts salariaux ne nous permettra pas, sauf à vouloir nous suicider
économiquement, de nous mettre à un niveau de compétitivité avec les salaires
de la Chine ou de l'Inde. Un ingénieur indien ne coûte que 6 000 euros par an
et l'Inde produit 165 000 jeunes diplômés par an.
Une
politique dégradée en matière salariale signifierait des difficultés
multiples : manque de rentrées fiscales et de cotisations mettant les
régimes sociaux en danger, chute de la croissance via le ralentissement de la
consommation, etc.
Jouer
sur une plus grande réactivité et flexibilité pose un problème équivalent car
cela se traduit en général par une plus grande précarisation (exemple des
contrats de mission). Ceci revient le plus souvent à mettre une part de la
rémunération des salariés concernés à la charge de la collectivité entraînant
de nouveaux problèmes de financements sociaux ou de déficits. Mais surtout
toute précarisation supplémentaire est une incitation à l'épargne et à un
ralentissement de la consommation qui est pourtant un moteur essentiel de
l'économie.
Faut-il
alléger le système en réduisant le rôle de l'Etat ? Sûrement pas de
façon systématique ou même lourde. D'abord parce que de multiples exemples
montrent qu'il est en général beaucoup plus coûteux de passer par le système
privé. Ensuite parce que contrairement à beaucoup d'idées reçues, les services
publics sont un atout considérable pour l'attractivité de notre pays comme le
montrent les enquêtes réalisées auprès de chefs d'entreprises étrangers
s'installant en France, américains compris.
b)
Doper l’innovation et la recherche.
La
croissance récente des NPIA (Nouveaux Pays Industrialisés d’Asie) nous montre
que l’innovation joue un rôle clé dans la croissance économique. Plus un pays
est à la pointe de l’innovation, plus il attire des capitaux. Selon Schumpeter, la croissance est cyclique
car elle correspond à des grappes d’innovation. Lorsque l’innovation commence à
vieillir, on retombe dans une économie molle. Donc, si l’innovation est à la
base de l’expansion et de la croissance, il faut valoriser ce qui permet
l’innovation.
Or,
l’innovation provient des efforts de R & D (recherche et développement) que
les pays et les grandes entreprises financent. De ce côté, la France a du souci
à se faire. En effet, les chercheurs vont même jusqu’à manifester en Janvier
2004 pour dénoncer leurs conditions de travail misérables (locaux vétustes,
matériel obsolète...) car, du fait du
démantèlement de l’état, les crédits accordés à la recherche
publique sont en constante diminution depuis 10 ans. Une
fuite des cerveaux a déjà commencé. Les chercheurs français s'expatrient en
masse aux Etats-Unis où on leur offre un salaire confortable et des conditions
idéales pour mener leur recherche.
Les efforts de
manifestation des chercheurs en 2004 ne semblent pas vains car, Conformément
aux engagements pris par le Premier ministre en mars dernier, le budget de la
recherche progresse donc d'un milliard d'euros en 2005.
Le budget 2005
renforce le soutien à l'innovation,
avec un effort financier de
300 millions d'euros. Cela se traduit par une hausse du crédit d'impôt
recherche, la mise en place des pôles de compétitivité et de nouvelles mesures en faveur de
l'innovation. De plus, cet effort budgétaire s'inscrit dans la perspective du
projet de loi d'orientation et de programmation qui sera présenté au Parlement
en 2005, à
la suite du débat et de la concertation organisés en ce moment.
c) Durcir les règles du jeu en cas de
restructuration.
L’effort
de recherche et développement peut
certes favoriser les relocalisations et éviter les délocalisations, mais pour
le moment, certaines délocalisations restent inévitables et parfois nécessaires
pour le pays puisqu’elles permettent à des entreprises de sauver des emplois
comme l’explique Alain Auger, patron de Dietal,l’une des plus grandes
entreprises françaises de luminaires industriels : « En
délocalisant une soixantaine d’emplois en Roumanie, j’ai non seulement sauvé
300 emplois en France, mais accru notre part de marché ».
Toutes
les délocalisations ne se font pas de la sorte, en général, les entreprises se
délocalisent sans penser aux conséquences néfastes engendrées sur l’emploi.
Comme l’entreprise SKF qui se délocalise sans cruauté et quand bon lui semble.
Lorsque des cas similaires se
produisent on peut tout de même exiger que lorsqu’une entreprise se
délocalise, elle le face dans des conditions correctes : préavis
suffisant, effort réel de formation, reclassement des salariés, aide à la
réindustrialisation des sites...
C’est ce que suggère Sarkozy "des procédures plus courtes et plus
souples, mais des indemnités plus élevées pour les salariés, une obligation de
les informer plus tôt des difficultés de l'entreprise, et plus d'ambition pour
la formation et le reclassement. (...) Avec les partenaires sociaux, nous avons
un grand champ de discussions", a-t-il affirmé. Mais, outre la loi de
modernisation sociale adoptée au début 2002 à l’initiative de Lionel Jospin qui
s’est vue suspendue début 2003 par le gouvernement Raffarin, de réelles
applications de cette idée n’ont jamais été réalisées aux détriments de la
volonté des syndicats.
2) En Europe.
a) Agir sur la fiscalité.
Pour
réduire les délocalisations vers l’Europe de l’Est, Nicolas Sarkozy propose de
conditionner l’octroie des fonds Européens accordés aux nouveaux pays entrants
dans l’union Européenne avec comme condition une harmonisation de la fiscalité
sur les entreprises. C'est-à-dire que les pays Européens auraient le même taux
d’imposition sur le bénéfice des sociétés ce qui aura pour conséquence de
permettre aux nouveaux entrants une forte croissance et une élévation de leur
niveau de vie. Or, l’action du gouvernement français ne va pas dans ce sens et
propose de limiter le Budget Européen à seulement 1% du PIB.
b) Agir sur les taux de
change.
Depuis quelques années, le taux de
change de l’euro est fort en Europe. Cela favorise les importations de biens et
services mais défavorise les exportations car nos produits deviennent chers. Le
taux de change fort peut être une incitation
puissante à la délocalisation. Ainsi les pays européens, avec l'euro fort,
peuvent non seulement payer des salaires très faibles en Chine ou en Inde mais
ils peuvent aussi investir à des coûts relatifs particulièrement faibles en
payant avec une monnaie forte. Leur « pouvoir d’achat international »
est donc rehaussé, ce qui les encourage à investir dans des pays constituants
pour bénéficier d’avantages comparatifs.
De plus, il ne serait pas favorable
d’intégrer les Peco à l’Euro car il est fort probable que cela entraînerait une
perte de compétitivité de l’Europe de l’Est due à une forte inflation dans leur
pays.
Or, c’est la BCE (Banque Centrale
Européenne) qui fixe le taux de change de l’euro donc il faudrait qu’elle
baisse le taux de change de l’Euro. Comment peut-on accepter de perdre plus de
25 % de compétitivité en un an sans réagir et en se contentant de voir mourir
des emplois ?
Conclusion :
Il existe plusieurs
moyens de lutter contre les délocalisations. Tout d’abord agir au sein
d’organisations internationales et gouvernementales. Le premier permettant
d’établir des conventions et le second permet de créer des groupes de pressions
visant à agir sur la légitimité de l’action des FMN. Mais également de ratifier
des accords pour le respect des normes environnementales. Le problème est que
tous les pays n’en tirent pas le même avantage ce qui entraîne une
« gélification » des actions. L’ Etat peut également mettre en place
des mesures politiques et économiques pour remédier à ce problème. Le cas
Français n’est pas concluant puisqu’on ne peut pas encore apercevoir les effets
des actions politiques et économiques puisqu’un fossé se creuse entre ce qui
est dit et accompli. La solution peut-elle être apportée par une remise en
cause des bienfaits du système capitaliste ?